Travail de rue avec
les personnes sans-abri
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(c) Gaëtan Chekaiban

Médiation interculturelle Rom

Accompagner adéquatement la population Rom à Bruxelles

Depuis 2003, notre médiatrice interculturelle Rom, nous aide à dépasser la barrière de la langue et la barrière culturelle pour nous permettre de travailler à l'inclusion sociale de la population des Roms en Belgique.

Daniela Novac, Rom d'origine roumaine, travaille avec sa communauté d’origine dans les rues de Bruxelles et sur les terrains de vie des personnes sans-abris d’origine Rom (à domicile, dans un squat, à l’hôpital, dans un service, etc.). La première étape de son travail consiste à repérer ces personnes, à remarquer leur présence à l’endroit qu’elles ont l’habitude de fréquenter et à aller à leur rencontre. Il s’agit d’entrer en contact, de faire connaissance et de se présenter. Au fil du temps, le lien de confiance se tisse et des démarches administratives et sociales peuvent être entamées. De plus, Daniela réalise un important travail de reconstruction de confiance et d’estime de soi, avec la personne.

Qui sont-ils ?

Parmi les roms vivant à Bruxelles, on peut synthétiquement distinguer trois groupes.

  1. Les personnes roms régularisées, en situation de marginalité : elles ont obtenu un droit au séjour en Belgique, souvent via le statut d’indépendant. Généralement, les hommes travaillent dans le bâtiment et les femmes dans les titres-services. D’autres ont un revenu de remplacement. Dans ce cas, un programme d’intégration est à  l'œuvre, tantôt imposé, tantôt proposé (par exemple l’association de cours de français à une recherche d’emploi). On ne rencontre que très exceptionnellement ces personnes dans les rues de Bruxelles, et les enfants sont scolarisés. 
    Ces personnes ont été exclues de leur pays d’origine et y ont vécu de façon très isolée de la société depuis des générations. Pour s’adapter au système social tel qu'il s'est développé ici, elles doivent franchir un énorme fossé, ce qui n’est possible qu’au terme d’un processus complexe qui demande du temps et du soutien. Il ne s’agit pas seulement d’avoir la volonté de s’adapter, de changer de mode de vie, de culture.
  2. Les personnes roms irrégulières, en situation de mal-logement : sans séjour légal ni revenu, ces familles ne sont pas à proprement parler “sans-abri”, mais elles vivent dans des logements (souvent insalubres), dont elles partagent le loyer à plusieurs. La mendicité est leur seule ressource légale pour obtenir un revenu afin de survivre. La mendicité est pratiquée en famille, souvent avec les enfants pour ne pas les laisser seuls et parce que la vie qu’elles mènent au jour-le-jour n’offre pas la stabilité nécessaire à la scolarisation. 
    Ces personnes se retrouvent confinées et ne s’occupent que de la satisfaction de leurs besoins primaires (logement, nourriture). Elles sont freinées dans leur processus d’intégration, et ce pour diverses raisons. Le manque d’études et l’analphabétisme rendent difficile la recherche d’un emploi et éloignent d’elles le marché du travail. Issues d’un monde rural, victimes de racisme, ces personnes sont méfiantes, et ne trouvent que très rarement les soutiens qui leur sont nécessaires. L’appartenance à leur communauté, dans laquelle elles doivent se comporter en exemple pour perpétuer les coutumes de leurs ancêtres – ces aspects de leur culture qui les valorisent encore – ne contribuent pas à les tourner vers l’avenir et le changement.
  3. Les personnes roms sans-abri : récemment arrivées en Belgique, ces familles sont fortement visibles et exposées. Certaines mendient éparpillées dans les rues du centre-ville et dorment à même le lieu de la manche, par petites cellules familiales, souvent avec des nouveau-nés. D’autres vivent ensemble dans des campements de fortune improvisés sur des terrains vagues, avec leur petite communauté de fait formée au travers des conditions de vie partagées. En demande de logement, mais sans revenu pour y accéder, ces familles se retrouvent parfois hébergées de façon temporaire dans des centres d’hébergement d’urgence. 
    La plupart de ces familles ont un parcours qui les a amenées à traverser différents pays européens dans lesquels elles ont vécu dans des bidonvilles. Malgré la difficulté de leurs conditions de vie à Bruxelles, ces familles ne veulent pas retourner dans leur pays d’origine. Leur présence ici est portée par l’espoir d’un nouveau départ, et elles tentent de s’y accrocher. Elles ne parlent pas le français et vivent de dons. 

Quelles sont leurs demandes ? 

Généralement, dès l’entame de la relation d’aide, les personnes expriment des demandes concernant des besoins primaires urgents :

  1. un accompagnement afin d’obtenir une carte médicale au CPAS. Cette carte ouvre le droit à des soins médicaux pris en charge par l’État et constitue le seul droit qui est ouvert à tous sans qu’un titre de séjour soit nécessaire pour pouvoir y prétendre. La démarche pour demander cette carte médicale est compliquée pour une personne qui ne parle pas l’une des langues nationales de notre pays et qui ne connaît pas le fonctionnement des services tels que le CPAS.
  2. des informations et un accompagnement afin d’introduire une demande de régularisation sur base de l’article 9 TER  (c’est-à-dire sur base médicale). Cette procédure est réservée aux personnes très malades. Elles seules ont une chance de la voir aboutir. Outre la domiciliation en lieu fixe, la personne qui souhaite prétendre à une régularisation sur base médicale doit avoir un médecin traitant en Belgique, ce qui n’est souvent pas le cas. Ce médecin doit compléter un formulaire-type, tandis qu’un avocat pris en Pro Deo introduira la demande auprès de l’Office des Étrangers. Le délai d’attente pour l’obtention d’une réponse est variable et souvent très long ; il peut courir de plusieurs mois à plus d’une année. Durant ce laps de temps, la personne n’a droit à aucun revenu.
  3. un accompagnement vers un médecin, souvent pour des consultations médicales urgentes pour les enfants, les personnes âgées, les femmes enceintes.
  4. des informations et un accompagnement concernant l’insertion en général, à tous les niveaux : quels sont les droits accessibles aux nationalités européennes ? Comment fonctionne le système social belge ? Comment accéder à l’emploi ou à des formations ? Où trouver des cours de français ? Comment inscrire les enfants à l’école ? Etc. Dans ce cadre, le travail de Daniela Novac consiste également à faire de la médiation scolaire, des traductions, un travail d’information sur la culture belge…

Outre ce travail de terrain en lien direct avec le public, Daniela diffuse dans l’équipe de DIOGENES une meilleure compréhension de la vie des personnes dites “Roms” et des problèmes rencontrés par ces dernières, tant dans leurs pays d’origine qu’en Belgique. Ceci nous donne la possibilité de répondre de façon plus nuancée et approfondie aux tiers qui nous interpellent. Elle partage également son expérience au sein du secteur, en donnant des formations au CBAI - Centre Bruxellois d’Action Interculturelle ou à l’AMA.

> Pour aller plus loin : lire l’interview de la FEANTSA avec Daniela en cliquant ici.

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