Travail de rue avec
les personnes sans-abri
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Personne dormant entièrement dans sac de couchage bleu dans une station de métro bruxelloise, sur un tapis Garfield

Qui sont les habitants de la rue ?

[Infographie] Les 1.290 personnes sans-abri accompagnées par DIOGENES en 2022

En 2022, DIOGENES a accompagné 1.290 personnes. Un triste record puisque ce nombre ne fait qu’augmenter (+31% en 5 ans). Les besoins sont de plus en plus nombreux, et c’est exactement pour ça que notre engagement à tous auprès des habitants de la rue est plus important que jamais. Mais qui sont ces habitants de la rue ? Grâce à un système d'enregistrement des données élaboré, nous récoltons toutes sortes d'informations - anonymisées - à propos des personnes que nous accompagnons. Cela nous permet aujourd'hui de vous en dire un peu plus sur le profil des personnes que nous avons suivies en 2022 

Quel âge ont-ils ? D’où viennent-ils ? Combien de femmes sans-abri rencontrons-nous ? Où dorment-ils ? Depuis combien de temps sont-ils en rue ? Grâce aux données que nous avons à propos de 1.113 des 1.290 habitants de la rue que nous avons rencontré en 2022, nous pouvons amener des éléments de réponse à ces questions. Réponses que nous vous partageons ici sous forme d’infographie ! 

Rappelons tout de même que chaque personne est différente et qu’il n’y a pas de profil type de “l’habitant de la rue”.

Démographie

La majorité des personnes a entre 40 et 60 ans, mais nous rencontrons des personnes âgées de 0 à 83 ans ! Les plus jeunes sont les enfants des familles que nous accompagnons. Nous observons, comme ailleurs dans le secteur, un léger rajeunissement du public sans-abri. Les jeunes en rue sont particulièrement vulnérables. Ainsi que les femmes et les personnes de genre non-binaire ! En 2022, près de 30% des personnes que nous avons accompagnées étaient des femmes. C’est une proportion qui augmente constamment : elle a presque triplé en 25 ans (11% en 1995) ! Nous voyons également apparaître les personnes non-binaires dans notre public (0,1% en 2022). Ce sont des personnes qui ne s’identifient ni comme homme, ni comme femme, ou qui s’identifient dans les deux genres.

Nous accompagnons l’ensemble de ces personnes sans aucune discrimination de genre ni de sexe. Nous accompagnons hommes et femmes sur base d’une égalité totale de traitement des genres, sur base de leur état de besoin. Nous remarquons que cet état de besoin est plus important pour des personnes vulnérables telles que les jeunes, les femmes et les personnes non-binaires.

En 2022, nous avons rencontré 49 nationalités différentes, ce qui montre la diversité de notre public. Les Belges étant les plus représentés (34%), suivis par les Roumains (22%) et les Polonais (12%). Au total, près de 50% des personnes accompagnées étaient des migrants intra-Européens ! Ces personnes se voient souvent réduire leur accès aux droits à cause de leur statut de séjour. Rendez-vous la semaine prochaine pour en savoir plus. 

Accompagnement

Nous connaissions 34% des personnes que nous avons accompagnées en 2022 depuis moins d’un an, ce qui montre le travail actif des travailleurs de rue. Ceux-ci cherchent continuellement à rencontrer de nouvelles personnes et à accompagner de nouveaux publics. 

Notre accompagnement se construit avec la personne. Il est adapté à ses demandes et à ses besoins. Si pour certains, il s’inscrit dans le court terme, pour d’autres, il dure plusieurs années. Nous connaissions par exemple 11,7% de notre public depuis plus de 10 ans. Cela montre la nécessité de maintenir notre présence de nombreuses années, tel un fil rouge dans la vie de certaines personnes.

Problématiques

28% des habitants de la rue vivaient en rue ou en hébergement d'urgence au 31/12/2022. 12% vivaient dans des solutions d’hébergement et 34% étaient en logement. Nous continuons à accompagner les personnes même après leur entrée en logement, afin de les soutenir dans leurs démarches administratives, de construire un réseau solide autour d’eux, de les aider à investir leur nouveau lieu de vie, et d’être auprès d’eux pour la mise en place de leurs projets de vie. La transition de la vie en rue vers un logement est une étape importante de l’accompagnement qui vise à prévenir le retour en rue. 

10% des habitants de la rue n’avaient aucune couverture de soins au 31/12/2022. La santé est souvent repoussée au second plan pour les personnes vivant en rue. Les priorités sont plutôt de l’ordre des besoins physiques : où dormir le soir, quoi manger, comment se laver… C’est pourquoi les problèmes de santé ont souvent tendance à s’aggraver pour ces personnes. 

41% des habitants de la rue n’avaient aucun revenu officiel en 2022. Parmi eux, 71,3% cherchaient un revenu officieux, via la mendicité, le travail au noir, la récolte de vidanges, le deal, le travail du sexe… Le revenu est, la plupart du temps, nécessaire pour pouvoir accéder à un logement.

71% des personnes accompagnées en 2022 cumulaient les problématiques de vie en rue avec minimum 1 autre problématique parmi les addictions (alcool et/ou drogues) et les problèmes de santé mentale. 30% souffraient de l’ensemble de ces problématiques ! Le secteur d'aide et de soins étant organisé de façon spécialisée, les habitants de la rue qui cumulent plusieurs problématiques ont difficilement accès aux organisations adéquates. Cette réalité est renforcée par les seuils d'accès et conditions d'entrée liés à de nombreux services.