Travail de rue avec
les personnes sans-abri
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Personnes sans-abris et santé

La vie en rue est une véritable mise à l'épreuve pour le corps et l'esprit. Nombreuses sont les personnes sans-abris qui souffrent de problèmes de santé. Mais les demandes de soins sont rares. Dans un indispensable travail de relais, notre équipe relève chaque jour le défi de la mise en place de plans de soins personnalisés et de la prise en charge médicale par les institutions de santé.

Les personnes sans-abris cumulent bien souvent une série de problèmes de santé, tant sur le plan physique que psychique. Pour certains, il s’agit de la cause de l’arrivée en rue ; pour d’autres, il s’agit plutôt de la conséquence.

Pourtant, si le nombre d'habitants de la rue souffrant de problèmes de santé est important. Force est de constater qu'en rue, la norme reste le recours de dernière minute, lorsque l'évitement n'est plus possible, aux urgences des hôpitaux. Les autres formes de prises en charge et les comportements préventifs font exceptions. C'est que la survie au quotidien impose à bon nombre de personnes sans-abris de postposer leurs soins et de rejeter ceux-ci au second plan. Ils sont vécus comme non prioritaires par rapport à l’immédiateté qu’engendre la rue et la recherche de réponses aux besoins primaires (mendier pour obtenir un peu d’argent, chercher un abri pour la nuit…).

Par ailleurs, certaines personnes minimisent leurs problèmes de santé et semblent ne plus accorder d’importance à leur corps. Elles sont comme coupées d’elles-mêmes et de la douleur physique. Cette déshabitation de soi, pour reprendre une expression utilisée par Jean Furtos pour décrire le syndrome d’auto-exclusion, entraîne une anesthésie corporelle qui peut être impressionnante tant pour les douleurs somatiques qu’organiques. Et au final, la souffrance ainsi déniée permet à la personne concernée d’être aussi moins affectées par ses émotions (qui sont toujours à expression corporelle).

Parmi les problèmes de santé physique les plus rencontrés, citons : les plaies ouvertes (résultats de blessures diverses liées à des chutes, des agressions, des manipulations d’objets tranchants, …) ; les problèmes dentaires (caries, abcès, …) ; les problèmes liés à l’hygiène et aux parasites (poux, galle, …) ; les troubles respiratoires ; plusieurs maladies : du cœur, des poumons, du foie et infectieuses (HIV, hépatite, tuberculose, …).

Nous rencontrons également quotidiennement des personnes confrontées à une dépendance à une ou plusieurs substances psychoactives : alcool, drogue, tabac, médicament, etc. Chez ces personnes, les questions relatives à l’arrêt de la consommation et aux cures de désintoxication se posent fréquemment. Y trouver une réponse adaptée, ensemble, fait partie intégrante des parcours d’aide et de soins que nous mettons en place. Pour d’autres, il s’agit plutôt d’apprendre à vivre avec la consommation. Notre équipe est formée à l’approche par la réduction des risques, selon laquelle il s’agit de prévenir et de limiter les dommages causés par la prise de drogue.

Sauf exceptions, nous ne prodiguons pas de soins en rue. Nous sommes en contact régulier avec le personnel soignant (infirmiers, médecins…) des institutions de soins (hôpitaux, maisons médicales, médecins généralistes…).  Dans notre travail de relai, nous privilégions les orientations à destination des services généralistes, hors du secteur sans-abri, et nous jouons souvent le rôle d’intermédiaire et de facilitateur sur le plan psycho-médico-social.  Véritable fil rouge au niveau de l'accompagnement de la personne, le travail de rue permet aussi de veiller, tant que faire se peut, par la mobilisation des ressources, à la bonne continuité des soins.

En ce qui concerne la prise en charge des problèmes d’ordre psychique, nous coopérons le plus souvent avec des services à bas seuil d’accès, au sein desquels psychologues et psychiatres n’hésitent pas, si nécessaire, à nous accompagner en rue à la rencontre de la personne en souffrance. Lorsqu’une personne en refus de soins présente une maladie mentale, en même temps qu’un danger pour elle-même ou pour autrui, nous n’hésitons pas, dans le strict respect des conditions et des procédures imposées par la loi dite de "mise en observation", à utiliser la contrainte, comme ultime recours de protection de la personne.

L’hygiène est cruciale pour l’estime de soi et la dignité humaine. C’est la raison pour laquelle nous informons et orientons les personnes avec lesquelles nous travaillons vers les services du secteur leur permettant de répondre aux besoins d’hygiène de base : prendre une douche, soigner une blessure, laver les vêtements, se coiffer, …  Ce qui, outre le développement d’une meilleure image de soi, contribue indirectement au rétablissement de liens sociaux avec autrui.