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Qui sont les habitants de la rue (2023) ?

[Infographie] DIOGENES dresse le profil des 1.451 habitants de la rue accompagnés en 2023

En 2023, DIOGENES a accompagné 1.451 personnes. Un triste record puisque ce nombre a nettement augmenté par rapport à 2022 (+12,5%). Les besoins sont de plus en plus nombreux, et c’est exactement pour ça que notre engagement auprès des habitants de la rue est plus important que jamais. Mais qui sont ces habitants de la rue ? Grâce à un système d'enregistrement des données élaboré, nous récoltons toutes sortes d'informations — anonymisées –  à propos des personnes que nous accompagnons. Cela nous permet aujourd'hui de vous en dire un peu plus sur le profil des habitants de la rue que nous avons accompagnés en 2023.

Quel âge ont-ils ? D’où viennent-ils ? Combien de femmes sans-abri rencontrons-nous ? Où dorment-ils ? Depuis combien de temps sont-ils en rue ? Grâce aux données que nous avons à propos de 1.049 des 1.451 habitants de la rue que nous avons rencontrés en 2023, nous pouvons amener des éléments de réponse à ces questions. Réponses que nous vous partageons ici sous forme d’infographie ! 

Rappelons tout de même que chaque personne est différente et qu’il n’y a pas de profil type de “l’habitant de la rue”.
 

Démographie

La majorité des personnes a entre 35 et 60 ans, mais nous rencontrons des personnes âgées de 18 à 84 ans ! Nous observons, comme ailleurs dans le secteur, un léger rajeunissement du public sans-abri. Les jeunes en rue sont particulièrement vulnérables. Ainsi que les femmes et les personnes de genre non-binaire ! En 2023, près de 30% des personnes que nous avons accompagnées étaient des femmes. C’est une proportion qui augmente constamment : elle a presque triplé en 25 ans (11% en 1995) ! 

Nous accompagnons l’ensemble de notre public sans aucune discrimination de genre ni de sexe. Nous accompagnons hommes et femmes sur base d’une égalité totale de traitement des genres, sur base de leur état de besoin. Nous remarquons que cet état de besoin est plus important pour des personnes vulnérables telles que les jeunes, les femmes et les personnes non-binaires.

En 2023, nous avons rencontré 46 nationalités différentes, ce qui montre la diversité de notre public. Les Belges étant les plus représentés (35%), suivis par les Roumains (22%) et les Polonais (10%). Au total, près de 50% des personnes accompagnées étaient des migrants intra-Européens ! Ces personnes se voient souvent réduire leur accès aux droits à cause de leur statut de séjour. 
 

Accompagnement

Nous connaissions 30% des personnes que nous avons accompagnées en 2023 depuis moins d’un an, ce qui montre le travail actif des travailleurs de rue. Ceux-ci cherchent continuellement à rencontrer de nouvelles personnes et à accompagner de nouveaux publics. 

Notre accompagnement se construit avec la personne. Il est adapté à ses demandes et à ses besoins. Si pour certains, il s’inscrit dans le court terme, pour d’autres, il dure plusieurs années. Nous connaissions par exemple 12,7% de notre public depuis plus de 10 ans. Cela montre la nécessité de maintenir notre présence de nombreuses années, tel un fil rouge dans la vie de certaines personnes.
 

Problématiques

34% des habitants de la rue vivaient en rue ou en hébergement d'urgence au 31/12/2023. 14% vivaient dans des solutions d’hébergement et 39,2% étaient en logement. Nous continuons à accompagner les personnes même après leur entrée en logement, afin de les soutenir dans leurs démarches administratives, de construire un réseau solide autour d’eux, de les aider à investir leur nouveau lieu de vie, et d’être auprès d’eux pour la mise en place de leurs projets de vie. La transition de la vie en rue vers un logement est une étape importante de l’accompagnement qui vise à prévenir le retour en rue. 

10% des habitants de la rue n’avaient aucune couverture de soins au 31/12/2023. La santé est souvent repoussée au second plan pour les personnes vivant en rue. Les priorités sont plutôt de l’ordre des besoins physiques : où dormir le soir, quoi manger, comment se laver… C’est pourquoi les problèmes de santé ont souvent tendance à s’aggraver pour ces personnes. 

36% des habitants de la rue n’avaient aucun revenu officiel en 2023. Parmi eux, 54% cherchaient un revenu officieux, via la mendicité, le travail au noir, la récolte de vidanges, le deal, le travail du sexe… Le revenu est, la plupart du temps, nécessaire pour pouvoir accéder à un logement.

74% des personnes accompagnées en 2023 cumulaient les problématiques de vie en rue avec minimum 1 autre problématique parmi les addictions (alcool et/ou drogues) et les problèmes de santé mentale. 32,7% souffraient de l’ensemble de ces problématiques ! Le secteur d'aide et de soins étant organisé de façon spécialisée, les habitants de la rue qui cumulent plusieurs problématiques ont difficilement accès aux organisations adéquates. Cette réalité est renforcée par les seuils d'accès et conditions d'entrée liés à de nombreux services.